& les Chroniques
Express
Darkswoon
"Bloom Decay"
DATES | Sorti le 14 septembre 2022 | Publié le mercredi 21 septembre 2022
ET ALORS | Le trio de Portland Darkswoon porte très bien son nom, tant son indie rock à l’ossature électronique et aux refrains intelligents porte en elle cette pointe de noirceur intime, ce petit quelque chose de troublant que contient une phrase telle que "My body’s not mine", scandée sur l’impeccable premier single "Eaten By Wolves" extrait de son nouvel album, "Bloom Decay". La guitare et le chant remarquable de Jana Cushman sont portés par une boîte à rythmes faussement rétro, brute et mécanique, appuyée par les discrets synthés de Rachel Ellis et soutenue par la basse de Norah Lynn. Depuis ses débuts en 2015, Darkswoon façonne un spectre sonore aux possibilités multiples : la guitare mitraille façon Killing Joke sur "This Is A Void", se fait aérienne sur le second single "Year Of The Rat", exprime sa rage sur "Under Glass", ou encore se la joue économe sur le titre "Bloom Decay" qui ouvre et baptise ce disque qui est une réussite absolue. Quant à la production, elle a su offrir à ces chansons uniques la profondeur qu’elles méritaient, en domptant cette profusion d'énergie à fleur de peau, tout en conservant l’étincelle brute et sauvage de la passion, celle qui illumine le coeur même de "Bloom Decay". A découvrir absolument.
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15/20
Bank Myna
"Volaverunt"
DATES | Sorti le 25 février 2022 | Publié le jeudi 7 avril 2022
POURQUOI | France | Dream Pop | Post-Rock
ET ALORS | Un album qui paraît simultanément sur cinq labels différents, en voilà situation inédite et réservée à "Volaverunt", le premier album de la formation française Bank Myna, dont le nom est celui, en anglais, d’un oiseau : le Martin des berges. Dès lors, il n’est pas étonnant de découvrir un chant féminin et franchement assuré, qui s’élève gracieusement au dessus des déchaînements orchestrés de "Volaverunt", sur ce post-rock tour à tour expérimental, sacré puis mécanique. Mystérieuse et puissante, la musique de Bank Myna possède un avantage irrésistible : cette voix dont l’apparente fragilité rivalise avec la pression de ce monolithe de cinq titres enchaînés qui composent un disque fascinant, encadré par l’interventions de cloches qui sonnent au début et à la fin, suggérant le passage d’un rite initiatique. Les intonations et le timbre de Maud Harribey font penser ici ou là à ceux de Lisa Gerrard, entrainés par une basse qui laboure tout sur son passage. Mariant avec audace dream pop, drone et post-rock expérimental, "Volaverunt" se révèle être un disque mystérieux et vraiment à part, d’une élégance et d’une puissance rares, pour lequel il fallait bien les efforts conjugués de cinq labels pour briller dans toute sa splendeur.
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16/20
New Canyons
"Heavy Water"
DATES | Sorti le 30 avril 2021 | Publié le dimanche 7 novembre 2021
POURQUOI | Darkwave
ET ALORS | Il existe des disques auxquels notre adhésion est immédiate et "Heavy Water", le troisième album de New Canyons, fait partie de ceux-là, probablement parce que l’on y décèle une multitude de repères familiers à la première écoute, au moment même où des titres tels que "Post Nothing" et "Spirit 83" envahissent l’espace. Car le son qui est à la fois ample et plombé est fait de très belles guitares empruntées à la dream pop et à la shoegaze, d’une rythmique aux sonorités franchement indus, des synthés récupérés à la new wave et à la darkwave, d’une basse qui ronronne non-stop et qui maintient l’ensemble en l’empêchant de s’écrouler sous le poids de ses propres couches sonores. Avec un chant dont le timbre peut parfois rappeler celui d’Andy McCluskey d’OMD, les références sont multiples et proviennent de toutes les directions à la fois, et ce qui semblait évident au départ se révèle bien plus complexe qu’on ne l’imaginait. Aucun détail n’est laissé au hasard dans une production de cette qualité, où l’on apprécie particulièrement la sensation d’euphorie que procure l’enchainement des chansons façon montagnes russes : ça monte, ça accélère puis ça ralentit ; à peine terminé, on se prépare à y retourner. Une très belle réussite.
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15/20
Marva Von Theo
"Afterglow"
DATES | Sorti le 26 février 2021 | Publié le lundi 7 juin 2021
ET ALORS | Nous avions découvert Marva Von Theo en 2018 avec "Dream Within a Dream", le premier album d’un jeune duo venu d’Athènes, et dont la dark pop impressionnait par l’incroyable justesse de son interprétation et par les choix de ses expérimentations. Trois ans plus tard, l’alchimie des compositions électroniques de Theo Foinidis et le lyrisme de Marva Voulgari confine à la perfection sur "Afterglow". Il faut reconnaître que la chanteuse possède une voix charnue et sensuelle, d’une précision telle que son chant si vivant nous donne l’impression de voir danser avec beaucoup de grâce les notes de sa partition. On pense naturellement à Bel Canto et à Pocket Knife Army pour la formule mixte, le timbre de la voix, ainsi qu’un certain penchant pour la prise de risque. Mais les comparaisons s’arrêtent là, car ici chaque titre dévoile la puissance mélodique et le savoir-faire unique d’un groupe pour lequel tout est devenu possible avec ce second disque intelligent et intemporel, à la réalisation minutieuse et remarquable. D’ailleurs, "Afterglow" aurait aussi bien pu être enregistré il y a quinze ans ou bien dans vingt, car sa réussite repose en très grande partie sur une qualité fondamentale : le talent.
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17
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17/20
Nul Telexes
"Menhir"
DATES | Sorti le 27 février 2021 | Publié le mercredi 14 avril 2021
POURQUOI | Pochette | Nom | Label
ET ALORS | Nul Telexes est un duo originaire de Liverpool dont le premier album vient de sortir sur le label Swiss Dark Nights. Ce n’est pourtant pas à la Suisse italienne que l’on pense à l'écoute de ces huit titres, pas plus qu’à l’Angleterre, mais plutôt à la France et à quelque chose qui y a été inventé et dont on est plutôt assez fier. Même si le son semble ici essentiellement synthétique, "Menhir" nous renvoie bien à cette cold wave soignée, légèrement pop, que l’on a judicieusement baptisée touching pop dans les années 90, avec ses ambiances et ses émotions si particulières qui aujourd’hui resurgissent ça et là entre les mains d’artistes qui en prennent le plus grand soin et savent lui donner une nouvelle vie. Comme Schrödinger à Mexico, Denner à Rennes ou ici Nul Telexes. Leurs compositions sont elles aussi fines, précieuses, comme la ritournelle d’"A Play", la rythmique imposante de "Menhir", la puissance de "Dialectic", la voix… la nostalgie qui se dégage de cet album est la nôtre, pas la leur, parce que leur son est bien celui du 21e siècle, électronique, synthétique, et leur mélancolie, celle d’aujourd’hui.
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15
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14/20
Tenderlash
"Hold Still"
DATES | Sorti le 4 janvier 2021 | Publié le lundi 5 avril 2021
POURQUOI | Pochette | Nom | Label
ET ALORS | Rien n’y fait, même après quinze écoutes, les deux premiers titres de ce court album me semblent incongrus. Mais peu importe, ce sont aux sept autres qu’il faut s’intéresser, car ils méritent largement que l’on s’y attarde. Dès "Fate", le ton est donné, Candy Durant sera notre hôte et sa synthwave plutôt dark nous drapera d’un voile presque érotique tant elle parvient à s’emparer rapidement de nos sens. Sa voix est littéralement envoûtante, l’ambiance est intrigante, évolutive, riche, on est bercés par les sonorités électroniques soignées et entêtantes que distille brillamment l’artiste seule aux commandes de ce projet. Avec "Hold Still" le rythme s’accélère, mais l’on reste dans un univers cotonneux que l’on aimerait ne jamais quitter, "Cold Outside" nous enlace, puis "Misery Loves Fantasy" nous transporte et les images deviennent étranges avec ce qui pourrait sonner comme la BO d’un épisode de "American Horror Story". Plus loin, on rêve que l’hypnotisant "Mourning at Midnight" ne s’arrête jamais, avant que "Snow Moon" nous ensorcelle et qu’"Open Your Eyes" nous oblige finalement à rouvrir les yeux. Le projet a été initié en 2013 et mis de côté jusqu’à 2020, date à laquelle il a été ressuscité, pour notre plus grand plaisir.
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15
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17/20
Schrödinger
"Last Days on Earth"
DATES | Sorti le 31 octobre 2020 | Publié le jeudi 3 décembre 2020
POURQUOI | Nom | Mexique
ET ALORS | Réaliser une cartographie mondiale de la scène post-punk actuelle mettrait en avant des zones géographiques qui, en 2020, seraient bien différentes de ce qu'elles étaient dans les années 1980. C'est dorénavant à Vinius, Moscou, Boston, Los Angeles ou Mexico que des scènes émergent et que le son se sculpte et non plus à Leeds, Manchester, Nice ou Paris. Et cette toute jeune génération puise sans gêne dans l'espace et le temps sans tenir compte des frontières ni de l'importance qu'ont pu avoir, qu'ont, ces groupes qui font l'essentiel de leurs références. Schrödinger et son album "Last Days on Earth" sont un exemple de plus de la façon dont les choses s'entremêlent entre passé, présent, et les différentes régions du globe. Le groupe, de Mexico, a signé pour son premier album sur le label Suisse Swiss Dark Nights et offre avec ce disque une immersion déroutante dans la touching pop comme seule la France a été capable de produire en son temps. Si Little Nemo s'était installé au Mexique il y a 30 ans, c'est peut-être de cette façon qu'il sonnerait aujourd'hui : rafraîchi, brillant, assuré, assumé, mélodique et intemporel, parce que ce ne sont pas les fantômes de Little Nemo que l'on voit planer ici mais tout simplement leurs doubles.
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13/20
SPC ECO
"6LP June LP"
DATES | Sorti le 1er juin 2020 | Publié le jeudi 6 août 2020
ET ALORS | Le projet est depuis le début de l’année extrêmement ambitieux, à savoir réussir à publier une collection de nouveaux titres le premier jour de chaque mois. Avec tout d’abord un titre de dix minutes en janvier, puis un nouvel EP d’au moins quatre titres les mois suivants, jamais nous n’aurions imaginé qu’après cinq livraisons déjà très riches, SPC ECO passerait la vitesse supérieure pour nous offrir un album complet au début du mois de juin. Fidèle à son habitude, Rose murmure ses secrets du bout des lèvres avec cette voix inimitable, parfois noyée sous des tonnes de guitares ou d’effets ("Take What You Need", "Touch Your Skin"), parfois en lévitation sur une dream pop aérienne ("Lost Alone"), quand elle n’est pas piégée dans un labyrinthe expérimental ("Where You Fall"). Avec onze albums et deux fois plus de singles ou d’EPs en onze ans, SPC ECO prouve à ceux qui en doutaient encore qu’il n’est pas un simple side-project pour tuer le temps. Et le plus beau dans tout ça, c’est que les offrandes continuent au rythme annoncé, avec un nouvel EP sorti le 1er juillet dernier.
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15
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15/20
DILK
"Hardship"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le mercredi 22 avril 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Le démarrage du disque est assez étrange… On pense immédiatement à DAF, Suicide ou à Absolute Body Control tant la matière est sèche, la production minimaliste et la façon de chanter typée, mais le second titre brouille immédiatement les pistes en s’enrichissant de sonorités moins âpres et en laissant la part belle à une guitare qui donne au son une nouvelle orientation. Au troisième titre, la voix se veut plus maniérée, et c’est un synthé entêtant qui l’accompagne, donnant alors une nouvelle épaisseur à cette matière protéiforme que l’on essaye de s’approprier depuis le début sans jusque-là y parvenir vraiment. À partir de l’excellent "Graveyard Orbit", les choix vocaux et la boîte à rythme omniprésente donnent une nouvelle noirceur à l’ensemble et nous renvoient à l’univers typique de formations comme Cold Cave ou She Wants Revenge. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, ce qui caractérise DILK, c’est cette évolution tout en étonnement, et non ce qui, si l’on était inattentif, pourrait être pris pour du tâtonnement. Il y a au final suffisamment d’éléments et de repères pour donner envie de revenir sur ce disque que l’on parvient à s’approprier sans trop de difficulté, et avec un peu plus de plaisir à chaque nouvelle écoute.
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13/20
Night Sins
"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.
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14/20
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